Discours de René Pierre Goursot

Président de l’association Effet de Cerf, le 18  juin 2021 

 

L’Association « Effet de Cerf » s’est fixé pour but la mise en valeur de notre patrimoine local riche en histoire. Or la principale facette de ce patrimoine est la Bataille de Patay dont Jeanne d’Arc est l’héroïne car c’est bien grâce à elle que l’armée royale a remporté cette victoire du 18 juin 1429.

Pour perpétuer ce souvenir, nous avons décidé d’offrir aux habitants de Patay une nouvelle statue de « Jeanne d’Arc après la Bataille de Patay ».  L’artiste Claire Boris a relevé ce défi et réalisé une sculpture de Jeanne, combattive et compatissante, donnant une image de modernité à l’histoire. Jeanne d’Arc est une étoile filante dans l’histoire de notre pays et du monde, qu’on nous envie partout. La carrière de Jeanne a duré 2 ans, depuis février 1429 jusqu’au 31 mai1431, quand elle a été brûlée vive, à l’âge de19 ans, à Rouen après avoir passé un an en prison.  Sa renommée qui est mondiale s’est donc faite en une seule année. Au palmarès de nos gloires du 18 juin, elle supplante Napoléon et le Général de Gaulle. En 1920, elle a été canonisée et déclarée Sainte Patronne de la France par l’Eglise ; la République Française la proclamé héroïne républicaine, la même année, signe de l’ambiguïté de notre société. Cette gloire nationale,  nous voulons qu’elle soit aussi reconnue dans notre région où cette victoire si éclatante a été remportée. En effet, cette Bataille de Patay est un événement majeur de l’histoire de France : ce tournant de la Guerre de Cent Ans permet le sacre du roi Charles VII à Reims qui finira par bouter les Anglais définitivement hors de la France.

 

Le grand écrivain américain Mark Twain qui s’est penché sur l’histoire de Jeanne d ‘Arc à la fin du 19ème siècle, écrit en 1895 :

« En effet, avant la bataille, la France, épuisée, semblait pousser ses derniers soupirs; son cas paraissait désespéré aux yeux de tous les docteurs de la politique; trois heures après, à l’issue de la bataille, cette même France, guérie, entrait en convalescence. Non seulement elle était convalescente, mais il ne lui suffisait que d'un peu de repos et de quelques potions des plus banales pour recouvrer la santé. Un médecin de campagne aurait pu les lui prescrire. Débute alors la campagne militaire la plus brève et la plus surprenante de toute l’histoire des hommes et des nations. En quelques semaines, tout est terminé. En quelques semaines, la pucelle de village a terrassée le monstre, qui sévissait depuis quatre-vingt-dix ans. À Orléans, elle lui assène un coup terrible ; a Patay, elle lui brise les reins. »

 

À Orléans, ils ont su en garder le souvenir, en célébrant chaque année les Fêtes Johanniques. Sinon qui parlerait encore de la Pucelle ? Cette nouvelle statue située dans la cour de la mairie de Patay, tournée vers l’église, la main sur le cœur, doit sceller la réconciliation entre Jeanne la sainte et Jeanne l’héroïne républicaine. Elle doit également nous rappeler la phrase de l’historien Jules Michelet : « Souvenons-nous toujours, Français, que la patrie, chez nous est née du cœur d’une femme, de sa tendresse et de ses larmes, du sang qu’elle a donné pour nous. » 

 

Doit-on, à Patay, faire moins bien qu’à Crécy ou à Azincourt, lieux de défaites françaises cuisantes, mais où d’importants mémoriaux ont été construits ?

 

À l’association Effet de Cerf nous voulons faire mieux, car c’est notre conviction, qu’il y a, ici, un fort potentiel pour transformer notre campagne en un lieu de mémoire collective. Nous nous efforçons, à Patay et dans les environs, de faire en sorte qu’un parcours « Jeanne d’Arc » soit matérialisé en impliquant d’autres communes, à commencer par Coinces, Saint-Péravy-la-Colombe  et Saint-Sigismond.  Avec Monsieur  Olivier Bouzy, docteur en histoire médiévale, nous avons repéré les différentes places  sur ces lieux qui pourraient être balisés. Si un parcours Jeanne d’Arc est tracé, les touristes viendront. 

 

Citons encore Mark Twain :

« Souvenez-vous-en et soyez-en fiers, vous autres, petits Français, car il s'agit là du fait de guerre le plus marquant des longues et riches années de votre pays. Quand vous serez grands, si vous vous rendez en pèlerinage sur le champ de Bataille de Patay, découvrez-vous, par respect devant cet immense monument, un monument dont le sommet atteint le firmament. De tout temps, les pays victorieux ont pour habitude de construire des mémoriaux sur leurs champs de bataille, pour perpétuer le souvenir de l’action qui y a été accomplie et le nom des braves qui l'ont accomplie. La France oubliera-t-elle Jeanne d'Arc et Patay ? La France décidera-t-elle de commémorer cette splendide victoire par un monument digne de sa grandeur ? L’avenir le dira... »

Et finissons avec une citation d’André Malraux prononcée lors des fêtes de Jeanne d’Arc à Rouen en 1964 :

« Ô Jeanne, sans sépulcre et sans portrait, toi qui savais que le tombeau des héros est le cœur des vivants....à tout ce pourquoi la France fut aimée, tu as donné ton visage inconnu. »

Cette statue, entrant en résonance avec ces paroles sera donc la première étape vers un vrai mémorial de la Bataille de Patay.